Il y a quelque temps j’écrivais un article concernant les saisies en aikido et comment les améliorer. Depuis cet article, il reste une erreur que je rencontre fréquemment chez les jeunes pratiquants et que je souhaiterais adresser en particulier :
Les débutants saisissent la peau à la place de l’os.
En effet, de nombreux pratiquants ont tendance à d’abord saisir le côté du poignet avant de tourner autour de celui-ci pour « verrouiller » leur saisie. Cette saisie a pour effet de tordre la peau du partenaire et peut donner à tori une sensation d’efficacité, confortée par l’éventuelle moue d’un uke souffrant d’une sorte de « brûlure indienne ».
Ce problème semble plus courant sur les techniques kote gaeshi et shiho nage : le pratiquant souhaite gagner du temps et essaye de démarrer la technique avec une torsion du poignet dès le début du mouvement.
Cependant, ce sentiment n’est pas du tout fondé. Une telle saisie peut se défaire aussi facilement qu’elle a été obtenue, elle peut glisser et elle offre moins de contrôle sur uke. Il est presque impossible d’utiliser un bras saisi de la sorte pour déplacer son partenaire.
Afin de pallier ce problème, il est nécessaire de directement saisir les os en posant sa paume à plat sur la face intérieure (ou extérieure) de l’avant-bras d’uke.
Il est important d’établir ce contrôle dès le début de la saisie, peu importe la position finale !
Gokyo, la saisie la plus forte…
Toutes les immobilisations en Aikido sont des applications d’un même principe avec des saisies différentes. En commençant par ikkyo, la moins efficace, nous passons à Nikyo et Sankyo, qui offre toutes deux des clés de poignets de deux manières différentes, pour ensuite arriver à Yonkyo et ses points douleurs.
Jusqu’ici toutes les saisies d’immobilisations doivent être renforcées par une action au niveau du coude. Peu importe qu’il s’agisse d’un contrôle direct dans le cas d’ikkyo ou d’un contrôle indirect, par simple flexion du coude, dans le cas de yonkyo…
Ce n’est pas le cas pour la dernière saisie !
La saisie Gokyo, avec le pouce à la base de la main d’uke, est la plus efficace de tout le répertoire. Elle est si efficace qu’elle peut être utilisée même sans action sur le coude du partenaire !
En effet, dans cette position le pouce peut verrouiller efficacement la saisie et empêcher Uke de faire pivoter son avant-bras.
Cette saisie permet aussi d’avoir un levier sur la main pour tirer le bras comme cela se produit avec un jo (dans le 6e kumijo par exemple).
C’est probablement une des raisons pour lesquelles gokyo est privilégié lors d’une attaque au couteau. Dans cette position, l’ouverture de la main de tori est à l’opposé de là ou Uke souhaite frapper !
L’autre raison, régulièrement avancée, étant que la position de gokyo permet d’écarter la lame de son poignet !
Cet avantage certain nous permet de comprendre une autre technique ou deux saisies sont nécessaires : Juji garami.
Sur Juji Garami, une saisie est effectuée à la manière d’ikkyo, alors que l’autre est saisie comme pour gokyo. Il est remarquable que, pour faire fonctionner Juji, il faille utiliser le bras saisi en gokyo pour contrôler le coude du bras saisi en ikkyo. Et non l’inverse !
(C’est également la saisie de gokyo qui est utilisée pour contrôler la chute d’uke lorsqu’une main est lâchée)
Pour plus de détails concernant les saisies en Aikido, je vous invite à consulter mon autre article sur le sujet : Tsukamu !
Enfin, si vous souhaitez en apprendre plus sur l’utilisation des os dans la pratique martial vous pouvez également vous rendre sur cet article de budoshugyosha
Sur cette note, bon entrainement !
Samuel Valkenborgh
Mars 2019
Commentaires récents