Le livre de Lao Tseu, le TAO TE KING, constitue l’une des sources de la théorie de la souplesse. Avec son concept spécifique de non-résistance, il met en exergue le thème d’adaptation cosmique trouvée dans le I-KING (livre de divination). Les maîtres de Bu-jutsu ont largement puisé leur inspiration dans cet ouvrage.Il semble que la première apparition de ce concept au sein des arts martiaux concerne l’ancienne méthode de combat connue sous le nom de Yawara. L’idéogramme WA (和) signifie harmonie. Cette méthode était un art subtil basant sa stratégie sur la contre-attaque. Malheureusement, il subsiste extrêmement peu de documents traitant de cette ancienne méthode de combat.
Ce principe – wa – semble avoir été à l’origine du développement de deux autres concepts majeurs : JU (souplesse, flexibilité, adaptation) et AIKI (harmonie, coordination). Le premier de ces concepts allait devenir la caractéristique distinctive de l’art du Ju-jutsu et de ses nombreuses écoles (dont est issu le Judô de Kano Jigoro). Le second concept allait donner naissance à l’art de l’Aïki-jutsu et de ses écoles ésotériques. L’Aïki-jutsu, dont plusieurs écoles subsistent de nos jours – plonge ses racines au coeur de l’époque de Kamakura (1185-1333). Il fut fondé, selon la légende, par Minamoto Yoshimitsu (1045-1127), mieux connu par le peuple japonais sous le nom de Yoshitsune.
La famille Takeda, du clan d‘Aizu, avait alors perfectionné cette méthode de combat, définissant les points vitaux ou faibles (kyusho) du corps humain dans le but de réduire l’adversaire à merci par le biais de coups frappés (atemi). L’Aikidô total comporte donc les atemi-waza, ou l’art d’attaquer les points faibles de l’adversaire, du te-gatana (“sabre de main”, ou shuto), les principes de déséquilibre et de kansetsu (forçage des articulations, des membres). On a ajouté à ces techniques les oase-waza (techniques d’immobilisation) et au besoin, les shime-waza (techniques d’étranglement).
Dans le RYU NO MAKI (“livre du dragon et du tigre”), considéré comme un des plus vieux manuscrits exposant les secrets des arts martiaux, il y a ce passage : “si l’ennemi vient à nous, nous le rencontrons, s’il s’en va, on le laisse s’en aller. Rencontrant l’ennemi, on est en accord avec lui. 5 + 5 = 10. 2 + 8 = 10. 1 + 9 = 10. Tout cela est harmonie”.
Maître UESHIBA Morihei s’est inspiré de ces techniques anciennes pour créer sa synthèse, y injectant un élément de morailité – DO. Doté d’une volonté indestructible et d’un potentiel énergétique immense, il a étudié sans relâche plusieurs styles : l’Aïki-jutsu avec TAKEDA Sokaku, le Ju-jutsu de l’école Kito Ryu et Shinkage Ryu, le Ken-jutsu de l’école Yagyu, le Yari (lance).
Il a opéré une synthèse harmonieuse de ces techniques, en mettant en évidence leurs points communs et en les intégrant dans un système philosophique original. Il s’est également inspiré des techniques d’armes traditionnelles, comme le sabre et la lance. Le fondateur, en tant que génie des arts martiaux, a composé son art de : Tai-jutsu(techniques à mains nues), Aïki-ken (sabre) et Aïki-jo (bâton). Ces différents aspects de l’Aïkidô (travail main nues et armes) sont intimement liés et interdépendants, tant sur un point de vue théorique que pratique. Ils constituent une véritable triade, dont chaque élément est primordial.
Les techniques enseignées ont pour but de faire découvrir au pratiquant les principes de l’Aïki (union des énergies) et de l’amener à pouvoir oublier la technique pour pouvoir agir librement et harmonieusement en toute situation en accord avec les lois de l’univers. Cet objectif s’appelle TAKEMUSU AÏKI (la source inépuisable des techniques de l’Aïki) – voir page d’accueil.
La pratique permettra à chacun, sans distinction de sexe,d’age,de force ou de poids, d’améliorer sa propre coordination psychomotrice (union de ses propres énergies) et ensuite son harmonie avec ses partenaires (union avec l’énergie de l’autre). Ces techniques sont martiales et leur apprentissage permet également d’améliorer ses capacités de défense, mais avant tout, l’Aïkidô apprendra au pratiquant qu’on ne résout pas un conflit en opposant la force à la force…
Encore un mot, pour dire que l’Aïkidô est loin de toute idée de compétition, qui est une forme d’opposition et qui est par définition en contradiction avec les principes de l’Aïki.
En Aïkidô, il n’y a pas de dualité, pas d’opposition, pas de lutte, mais seulement une action harmonieuse du corps et de l’esprit.
Biographie de Saito sensei (1928-2002)
Morihito Saïto est né en 1928 dans un village de la préfecture d’Ibaraki, situé près du dojo d’O Senseï Ueshiba. En 1946, alors qu’il avait dix-huit ans, il fit la rencontre de celui-ci et se mit à étudier sous sa direction.
Il ne l’a jamais plus quitté et travailla à ses cotés avec dévouement jusqu’au dernier jour.
Saïto senseï fut, pour diverses raisons, le principal dépositaire des évolutions qu’ O Senseï apporta à son Aïkidô après la seconde guerre mondiale.
Il fut un des seuls à recevoir l’enseignement des armes de l’Aïkidô, et il passa sa vie à mettre au point une méthodologie d’enseignement pour transmettre fidèlement cet héritage.
Depuis, sa méthode de travail aux armes est reconnue comme la référence absolue en Aïkidô.Sans vouloir polémiquer sur les différences d’interprétation qui on pu voir le jour au sujet de la pratique des techniques d’Aïkidô, il est intéressant de remarquer que Saito Senseï fut celui qui passa le plus de temps au contact direct du fondateur et qu’il fut désigné par celui-ci comme gardien du sanctuaire de l’ Aïkidô.(Aïki Jinja)
Saïto Senseï a accueilli dans son Dôjô des centaines d’élèves venus de l’ étranger, venus étudier comme élèves internes (uchi deshi) sous sa direction.
Il nous a quitté en 2002 et a laissé le souvenir d’un homme dévoué tout entier à sa tâche: la transmission du TAKEMUSU AIKIDO (la source inépuisable des techniques d’Aïkidô).
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